Bénabar : « Le confinement, ça a donné envie de rajouter des trucs, de corriger, de recorriger des textes que j’avais déjà enregistré »

C’est avec le titre « Tous les divorcés » que Bénabar signe son retour à la musique presque deux ans après l’album « Le Début de la Suite« . Bruno, de son vrai nom, prend le temps de se confier à Alex, aux sons des piaillements d’oiseaux et sous un lourd soleil du Sud.

Par Stéphane Bernault  - Mis à jour  

Bénabar : « Le confinement, ça a donné envie de rajouter des trucs, de corriger, de recorriger des textes que j’avais déjà enregistré »
Alex : On commence avec la question la plus évidente pendant cette période compliquée : comment allez-vous ?

Bénabar : Ben pas si mal. J’ai la chance d’être à la campagne et d’avoir vécu le confinement aussi à la campagne, dans le Sud, avec un jardin donc ça change clairement la vie. Donc tout va bien.

Alex : On imagine que vous avez peaufiné les dernières notes de l’album pendant le confinement ?

Bénabar : Il était prêt avant. Avec le confinement, on est allé plus loin car on a recommencé à écrire des chansons… qui ne parlent pas du tout du confinement mais cette période-là a permis de réfléchir à d’autres chansons. Puis comme on avait le temps… l’album aurait dû sortir avant normalement… donc on s’est dit que plutôt que de ressortir dans 6 mois un album qui a été enregistré y a un moment, en décembre, on va rajouter de nouvelles chansons. C’était donc une période très studieuse et artistiquement assez rentable.

Alex : C’est bien ça d’avoir été prolifique et d’avoir utilisé votre temps livre pour travailler, c’était un moyen de ne pas devenir fou.

Bénabar : En même temps, c’est ce que je fais habituellement. J’essaie d’écrire des chansons tout le temps et d’avancer sur des textes et des mélodies. Mais là, c’était plus un petit verrou qui a sauté parce que l’album était dans mon esprit terminé et c’est toujours difficile de ne rien faire avec un album terminé… à un moment, il faut qu’il sorte. Donc là, ça donnait envie de rajouter des trucs, de corriger, de recorriger des textes que j’avais déjà enregistré.

Alex : Ah mais vous avez carrément retravailler l’album ?

Bénabar : Oui c’est ça et on l’a tellement retravaillé qu’on a retiré des chansons qu’on avait faites pour en rajouter d’autres. L’album n’aura pas la même tronche qu’il avait avant le confinement.

Alex : En attendant la sortie de cet opus prévu pour novembre, vous venez de sortir, le single et le clip du titre « Tous les divorcés ». Elle raconte quoi cette chanson ?

Bénabar : L’inspiration de départ, c’est la succession d’amours qu’on peut avoir. Je voulais défendre l’idée qu’on peut avoir plusieurs histoires d’amour dans sa vie tout aussi belles, tout aussi sincères, et soulignant bien que un amour d’avant n’est pas négligeable. Et quand, on arrive à 50 ans, quand on parle d’amour, on arrive forcément à parler du divorce…

Alex : Si on ne se trompe pas, vous n’avez jamais divorcé donc cette chanson, c’est quoi, c’est votre façon d’exorciser certaines peurs ?

Bénabar : (rires) Non mais c’est une très bonne question…Quand on fait une chanson, il y a beaucoup d’inconscient quand même… D’ailleurs, il faut que cela le reste car c’est ce qui permet la création. Il ne faut pas s’analyser et se regarder le nombril tout le temps… Mais là, avec votre vision de journaliste qui décortique… je m’interroge… oui, peut-être qu’en effet j’exorcise mais alors c’était clairement pas l’objectif. Moi je voulais simplement parler des histoires d’amour et puis comme je l’ai dit à d’autres journalistes, je ne reste pas avec ma femme juste pour des questions fiscales (rires).

Alex : Si on se pose la question, c’est parce que pendant des années, vous avez écrit et chanté sur le quotidien, qu’on imagine, le vôtre, donc ce titre là interpelle.

Bénabar : Peut-être que cela va se réaliser au final. En tout cas, pas de mon côté. Mais sait-on jamais… si l’album ne marche pas, elle va sûrement me quitter. (rires)

Alex : Avec autant d’années de carrière et votre régularité de sortie d’albums, vous n’avez pas de difficulté à vous renouveler.

Bénabar : Sans être vaniteux, je n’ai pas encore eu ce problème-là parce que l’inspiration vient toujours et je pense beaucoup de temps à faire attention à ne pas me répéter. J’y consacre beaucoup de temps. Des fois, je ne me renouvelle pas mais dans ce cas-là, je vire la chanson quand je vois que j’ai déjà abordé le sujet de cette façon-là. Cela demande du travail et il faut se montrer attentif à tout. Partout, tout le temps. L’inspiration peut se déclencher à tout moment, surtout quand on fait l’effort de regarder autour de soi.

Alex : Vous vous souvenez de tout ce que vous avez écrit ou de temps en temps, vous vous replongez dans votre discographie et là, on se dit : « ah non, ça, je peux pas écrire dessus aujourd’hui, je l’ai fait y a 10 ans déjà » ?

Bénabar : Un petit peu mais pas complètement. Je ne réécoute pas trop ma discographie. Enfin, je l’écoute avant les tournées pour choisir les chansons, pour essayer de varier, exhumer des chansons qu’on a oublié ou que le public ne connaît pas. Il faut savoir varier les plaisirs. C’est à ce moment-là que j’écoute la discographie pas avant d’écrire un disque. J’essaie de ne pas me poser de questions. C’est une fois après que j’ai fini, on se dit : « ouais, j’ai déjà fait ça » ou pour cette nouvelle chanson, par exemple, qui au début s’appelait « Les divorcés« … ah ben ouais, y a Michel Delpech, que je connais par coeur, qui était un ami très proche, a fait un titre qui s’appelle « Les divorcés« … donc j’ai changé. Tout apparaît par la suite. Sur le moment, j’essaie de ne pas me bloquer, de ne pas me castrer, surtout avec des fausses questions.

Alex : Avec cette réécriture, au final, il va raconter quoi cet album ?

Bénabar : A vrai dire et ce n’est pas pour botter en touche mais je ne sais pas exactement. Mais ce qu’il va raconter globalement, c’est à mon avis les journalistes et puis les copains et les auditeurs qui vont l’écouter qui vont me le dire. Je n’ai pas le recul nécessaire pour mettre le doigt dessus. Puis, je ne suis pas sûr que cela soit souhaitable d’en avoir et d’avoir un point de vue global sur son travail.

Alex : Bon ben on verra donc en novembre ou quand vous serez sur scène pour nous le présenter. D’ailleurs, vous l’abordez comment la situation ?

Bénabar : J’ai eu la chance de pouvoir jouer pour la fête de la musique pour France Bleu, avec un public restreint, en essayant de respecter les gestes barrière mais avec l’excitation de la scène, des fois, c’est un peu compliqué. Surtout que la scène, c’est vraiment un truc de groupe donc on peut s’emmêler les pinceaux quand on se passe un micro ou un truc… Mais j’essaie de respecter les consignes, je suis très docile par rapport à ça. Mais chanter là, pour la fête de la musique, c’était un moment de bonheur intense qui vous rappelle les fondamentaux. On s’aperçoit qu’on est vraiment musicien et que le meilleur moment, c’est monter sur scène. Si vous voulez, la différence entre un album et la scène, on pourrait dire que le premier, c’est un apéro Zoom et le deuxième, un véritable apéro avec des gens.

Alex : Quoiqu’il en soit, en 2021, vous remontez sur scène, gestes barrières et tout ?

Bénabar : Alors là, vous me posez une colle. Déjà nos dates ont été reportées mais après je suis suspendu aux consignes. Déjà que je suis angoissé de nature, j’essaie de ne pas trop me poser de questions. Je jouerai le jeu, je ne ferai pas mon rebelle en carton… mais pour moi, qui pratique la scène depuis 30 ans, la scène avec des restrictions, c’est difficile à intégrer intellectuellement. Mais on fera ce qu’on nous dit de faire et on prendra soin du public.

Alex : En parlant du public, ça vous fait quoi d’être devenu un chanteur qui rassemble toutes les générations ?

Bénabar : C’est très émouvant et très gratifiant surtout quand les chansons parlent aux gens qui veulent bien les écouter. J’ai toujours défendu cette idée des chansons populaires, au sens noble du terme, ces chansons grand public… Je parle des choses qui me touchent, qui m’émeuvent donc ça fait plaisir de voir qu’elles résonnent… surtout que je raconte quoi : le parcours d’un gars de la classe moyenne depuis 25 ans…

Alex : Vous allez même au-delà en documentant, en chansons, la vie d’une homme dans toutes les étapes de sa vie.

Bénabar : Oui c’est vrai, je m’en aperçois bien sûr. Je le vois bien avec mes gosses, avec mon fils. Je lui écrit une berceuse quand il était tout petit. Là, il a 16 ans, et sur le dernier album, je lui ai écrit à nouveau une chanson. Elle s’appelle « Un Lego dans la poche » et c’est le passage de l’adolescence au passage à la vie d’adulte. Je lui explique qu’il faut qu’il garde un Lego dans la poche pour ne pas oublier son enfance. En effet, je me rends compte que j’utilise éhontément mes gosses pour faire des chansons, ce qui est clairement inadmissible (rires).

Alex : Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ? Encore une vingtaine d’années de carrière ?

Bénabar : J’aimerais bien… Je suis très superstitieux donc je n’ose pas trop me projeter. Je vis au jour le jour. Je vais déjà espérer que ce single et cet album touchent les gens, parlent à ceux qui vont l’écouter. Pour moi, le but du jeu, c’est de m’adresser aux gens et de ne pas que parler de mon petit nombril… C’est aussi de faire du divertissement. C’est un notion qui m’obsède toujours. C’est pour ça que je me sens très proche, dans une sorte de continuité de la belle variété française comme Renaud, des choses comme ça. C’est à la fois drôle et sympathique et ça raconte des trucs. Cela peut paraître désuet à la première écoute mais à la deuxième, il y a quelque chose de vertigineux et de beau. C’est ce que j’aime et c’est aussi ce que j’essaie de faire.

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