Les rencontres du MaMA Festival 2021 : Terrier sort de son trou et se confie à Alex !

Alex était partenaire de la nouvelle édition du MaMA Festival et lors de ce rendez-vous incontournable, on a profité de l’occasion pour papoter avec les artistes qui font déjà la musique de demain : voici Terrier !

Par Stéphane Bernault  - Mis à jour  

Les rencontres du MaMA Festival 2021 : Terrier sort de son trou et se confie à Alex !

Terrier nous laisse assister à sa « Naissance » et Alex joue le rôle du parrain !

Sa voix roque, son phrasé intense, ses mélodies étourdissantes… il serait bien dommage de passer à côté de Terrier, ce jeune artiste qui vient de nous offrir sa « Naissance » en musique. Alex l’a croisé avant son concert au MaMA Festival et on a pu discuté avec lui de son EP, de sa musique…

Alex : J’ai assisté à une conférence ou ton manager a parlé de toi et de l’impact du Covid. Au moment du confinement, tu étais sur ta lancée et… ?
Terrier : Ouais c’était bien la merde… (rires)

Alex : Et là, en octobre 2021, ça va mieux ?
Terrier : Bah oui, c’est cool. Avec du recul, je pense que j’ai eu de la chance d’avoir cette espèce d’arrêt… naturel parce que ça allait très vite et que j’avais du mal à mettre des espèces de trucs dans le sol, d’ancrer de vraies valeurs. Je parle en terme musical et artistique. Ça allait beaucoup de temps. Ça allait beaucoup trop vite, à mon sens. J’étais encore au stade de maquette. Il faut sortir des choses pour ça.

Donc naturellement, c’est un bon stop. Après, oui, c’était la merde. Tu joues pas, tu rencontres personne, c’est pas une période inspirante. Moi, je ne sais pas comment ont fait les autres. C’est con. Mais là, sur l’album sur lequel je suis en train de travailler. Il y a un moment, j’étais en panne d’inspiration donc je suis sorti avec des potes et en fait, ils m’expliquaient que je n’étais pas inspiré parce que j’étais trop heureux en ce moment, que tout allait trop bien.

Et en fait, le lendemain, je me suis posé et j’écris une chanson en mode : « Grosso modo, je suis trop heureux et j’ai envie de retrouver ce truc un peu fort. J’ai envie de revivre des trucs un peu dramatiques pour être inspiré… mais en mode sur le ton de la blague, tu vois ? Mine de rien, ça, développe plein de choses. C’est ce qui me manquait pendant le confinement, quoi.

Alex : C’est bien car ça répond aussi à la question de savoir ce qui t’inspire.
Terrier : C’est la situation, peu importe comment elle est faite, c’est la situation. C’est des événements passés, c’est beaucoup lié à l’humain et il y a peu de descriptions de paysages, des trucs comme ça. C’est vraiment les comportements humains qui m’inspirent, la relation entre deux ou plusieurs personnes. Mais oui, du coup, c’est vraiment. C’est vraiment de la situation dans ce cas.

Alex : Donc là, tu viens de sortir l’EP « Naissance », qu’est-ce qu’il raconte et il met des mots sur quoi ?
Terrier : « Naissance », c’était pour moi, c’était ma façon d’expliquer aux gens qui j’étais, mais de différentes manières, et de visiter les différents paysages de ma personnalité. Tu vois, donc, il y a ce truc très très terre d’origine que j’aime beaucoup, qui me manque. Et maintenant, je suis sur Paris. C’est plus compliqué. La vie est différente, mais il y a des trucs un peu mieux et moins bien.

Il y avait des trucs sur mes potes d’enfance aussi, qui rejoint un peu ce sentiment-là. Il y a un truc sur mes parents. J’ai la chance d’avoir deux parents qui s’aiment, qui sont toujours ensemble, qui me soutiennent dans mon activité de musicien, alors qu’ils viennent vraiment d’horizons, complètement différents…

Alex : Et alors, ça vient d’où cette envie de faire la musique ?
Terrier : Je sais pas… (rires). Il n’y a pas eu un déclic en écoutant quelque chose… rien. Le seul truc, c’est que petit, je faisais de la batterie sur mon bureau, avec mes doigts, ou un stylo, en faisant mes devoirs et ça a toujours été comme ça… On a dû mettre une case pendant ma conception, allez hop, pour toi, c’est musique. (rires)

Oh et dans « Naissance », il y a aussi le rapport à la drague. Quand tu deviens adolescent, tu découvres ce qu’est draguer, plaire ou ne pas plaire. C’est quand même des sensations qui sont assez fortes quand t’es ado. Et puis, il y a une chanson sur une chanson d’amour et une chanson sur la saison d’hiver que moi j’apprécie assez particulièrement.

Donc voilà, c’est vraiment des horizons différents et je voulais faire vraiment des thèmes différents, avec aussi des paysages musicaux divers, alors que les chansons sont toutes un peu dans une énergie presque opposées. Tu vois entre deux titres et je ne voulais pas faire de morceaux qui se ressemblent.

Alex : Ces titres sont très travaillés au niveau de l’écriture. Quelle importance tu accordes au travail d’écriture en lui même..
Terrier : C’est gentil ça… ça me touche. Bizarrement, c’est le truc que je bosse le moins parce que j’aime bien le côté spontané et souvent que je vais retravailler un texte que j’ai fait en une demi-heure, ça m’arrive d’avoir écrit un texte rapidement, comme ça dans une fulgurance. Et quand je vais vouloir retravailler souvent, ça devient de la merde.

En tout cas, je perds le truc que j’aime : la spontanéité. En fait, c’est difficile pour moi d’écrire parce qu’il y a très peu de moments où il y a cette fulgurance. Il y a souvent des moments où j’ai le thème de la chanson, j’ai mon refrain ou j’ai un passage, je sais dont je veux parler. Je sais comment je veux le tourner, mais j’arrive pas à écrire et il me faut ce moment de fulgurance. Et du coup, pour moi, c’est un travail un peu compliqué. Mais c’est pas le truc que je bosse le plus. Mais vraiment pas.

Alex : Et pourtant, ça dénote. Peut-être que c’est aidé par la voix ou ton phrasé…
Terrier : c’est peut-être parce que justement j’y connais rien… Je pense que les gens qui écrivent de la chanson française, moi, c’est un peu mon complexe au début quand je sortais des sons. C’était putain mais pourquoi moi, j’écrirais alors que je n’ai aucune culture française, que je n’ai aucune connaissance littéraire. Je n’ai pas de références littéraires et pourquoi je me permettrais de le faire? Et en fait, je pense que beaucoup de gens ont ce complexe-là, donc du coup, sortent peu de choses et au final, je l’ai sorti en mode « beh je m’en bats les couilles« … Désolé. (rires). Mais bon, il y a des gens qui me disent tiens, le texte est vraiment cool et franchement, ça me rassure, c’est vraiment chouette.

Alex : Alors c’est parce que ça résonne avec nos histoires. Parce que au final, tu mets des mots sur un truc assez générationnel ?
Terrier : Ouais, ce sont des histoires, que je pense, la plupart des gens ont vécu aussi. Donc oui, il doit y avoir de ça. Je m’assois.

Alex : J’ai découvert que tu étais ingénieur du son. Est ce que ça aide à composer de la musique
Terrier : A la base, ouais. Et de ouf. En studio, je suis beaucoup plus exigeant. Les ingés son me détestent pas. (rires). Ouais, ça m’aide pas mal. J’aime faire ça. J’aime faire ce métier. Donc quand je suis sur une compo, j’aime aller jusqu’au bout de mes compétences. Pour après, la laisser à quelqu’un qui est beaucoup plus compétent…

Alex : Il y a quand même encore quelqu’un derrière ?
Terrier : Sur l’album en tout cas, ça sera comme ça. C’était pas comme ça sur l’EP, mais justement, je trouve qu’il y a trop de défauts. Donc je bosse différemment en ce moment.

Alex : C’est quoi la différence ? J’ai vu que tu essayais de changer de terrier (son lieu d’enregistrement) ?
Terrier : Ouais, je suis toujours en recherche. (rires) D’ailleurs, si tu as une cave à vendre à Paris, je suis intéressé. (rires). Pensez à moi… (rires) La différence ? Je ne sais pas s’il y a un truc plus naturel qui se dégage. J’ai pas envie de me prendre la tête aussi. Surtout sur le texte. C’est un peu particulier. J’écoute beaucoup la musique anglo-saxonne, donc j’accorde énormément d’importance à la musique et du coup, mon texte… Là, j’essaie d’avoir un équilibre, avec un peu plus de texte, mais sans être dans la chanson française, surtout pas être dans cette case.

Alex : Tu la définis comment ta musique si tu ne fais pas de la chanson française. Terrier, il fait quoi ?
Terrier : C’est de la musique hybride entre du rock, du slam, post-punk… A la base, c’était le style que j’avais mis sur le sur les réseaux, tu vois. Et je pense que je garderais ce truc-là. Il y a pas mal de gens qui n’étaient pas d’accord à tout, mais dans ces histoires parlées avec l’édition avec un truc très brut et qui n’est pas punk. Donc c’est peut être soit du nouveau punk, soit emprunté du nouveau punk. Je ne sais pas…

Alex : Et en termes de références punk, tu te situes où ?
Terrier : Je ne vais pas te donner des réfs parce qu’il y a des gens qui vont dire ah bah non, ça correspond pas du tout à ce que j’entends.

Alex : Qu’est ce que tu écoutes comme musique punk? ?
Terrier : Pour moi, le punk, c’est juste une mentalité, une façon d’être et qu’un style de musique et ce qui se dégage après en énergie et en musique, derrière toi… C’est vraiment un état d’esprit, d’ailleurs le punk. Il est nécessaire. Oui, c’était des crises pétrolières. Les mecs, ils se sont révoltés, ils ont fait une musique énervée. Mais à la base, c’est quand même une mentalité, c’est un énervement collectif contre contre un système.

Alex : En ce moment, ceux qui cartonnent ce sont les Britanniques Idles, ça te parle ?
Terrier : Bien sûr, c’est des groupes que j’écoute chez moi, dans la voiture. Il y en a plein comme ça, mais. J’aime bien les groupes qui font de la musique hybride… y a… merde, j’ai oublié le nom… ça va me revenir. Ils font de la musique en empruntant le rock, le hip hop et le gospel, il y a une sorte de triangle surtout dans ce groupe là. Certains contesteront… mais ça me plaît d’avoir ce mélange. Dans mes sons, y a plus de pop, c’est plus organique, plus acoustique enfin, y a une batterie quoi. C’est des beats qui partent de machines. Mais sinon, il y a un truc un peu comme ça. Genre pas de règles, pas de barrière…

Alex : Certains disent que le punk fait un son plus sale
Terrier : Plus sale… ouais, ça bave. C’est pas très carré. Ouais y a de ça, carréement.

Alex : Et alors, sur le nouvel album, y aura un son plu sale ?
Terrier : (rires) Ouais, y a aura de tout. Je continue mon petit truc. J’ai envie de faire un peu de tout. Avoir un album dynamique, avec des musiques plus posées, des musiques vénères. Donc, il y a un peu de tout.

Alex : Est-ce que tu vas combler avec ton punk un vide dans la musique française ?
Terrier : Je vais te poser une question : est ce que pour toi, Miossec, il est punk ?

Alex : Je te dirais non. Après dans l’état d’esprit, peut être…
Terrier : Peut être que la définition du punk est pas encore claire. Moi, je me définis pas comme une musique punk. C’est juste un état d’esprit, un état d’esprit, une image, une empreinte, tu vois. Et si j’en arrive à le mettre dans ma musique, c’est super. Si ça bave un peu. Mais il n’y aura pas ce rythme punk, cette guitare dysto et tous ces trucs du punk français à l’état brut du mot, tu vois, c’est vraiment des gens qui sont contre le système politique et qui vont avoir des grattes fortes, une grosse batterie. Et moi, par exemple, je ne parlerais jamais de politique dans mes chansons.

Alex : Donc, il va parler de quoi cet album? Après la « Naissance », y aura donc l’âge adolescent, l’âge adulte ?
Terrier : Avec « Naissance », j’ai parlé jusqu’à mon arrivée à Paris. Et là, je vais parler de mes expériences à Paris, il y a de quoi écrire tout ce qu’il faut.

Alex : Dans la première chanson de « Naissance », tu parles de rêves de môme. Tu rêvais de quoi quand tu étais môme toi ?
Terrier : De tout ce que je dis un peu la chanson : d’être à la place des gens que tu vois sur une scène quand tu es petit, de pouvoir passer son temps avec un instrument sans avoir de contraintes autour, en mode faire ses devoirs et tous ces trucs qui te font chier. Et du coup, de passer l’entièreté de ta journée à faire ce que tu aimes. D’avoir cette sensation rendre fiers tes parents, rendre fiers tes potes d’enfance… C’est un tout. Mais voilà, c’est ce que je suis en train de réaliser en ce moment. Donc je vis ma meilleure life, je ne me plains pas. (Rires).

Et Terrier nous a aussi confié que son premier album était bien avancé mais qu’il avait « 0 date à nous donner ». Et bien, en attendant de le voir sur scène, de le retrouver avec de nouvelles chansons, on va se replonger avec délice dans les titres de sa « Naissance ». C’est clairement la meilleure des choses à faire.


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