Les rencontres du MaMA Festival 2021 : Mr Giscard mérite qu’on l’écoute et l’invite à manger un « Pho » !

Alex était partenaire de la nouvelle édition du MaMA Festival et lors de ce rendez-vous incontournable, on a profité de l’occasion pour papoter avec les artistes qui font déjà la musique de demain : voici Mr Giscard !

Par Stéphane Bernault  - Mis à jour  

Les rencontres du MaMA Festival 2021 : Mr Giscard mérite qu’on l’écoute et l’invite à manger un « Pho » !

Mr Giscard et Mister Valéry, tout en « Sensibilité » pour Alex !

Son titre « Pho » a fait un carton surprise. Mr Giscard a sorti un EP, « Sensibilité » dans la foulée et il nous offre quelques titres bien frappés, poétiques et dansants. Bref, il mérite toute votre attention, une fois que la carapace tombe, qu’il prend le temps de s’ouvrir. Laissons-le faire son allocution sur Alex.

Alex : On commence avec la question la plus simple qui soit : qui est Mr Giscard ?
Mr Giscard : Mr Giscard, c’est un être humain qui fait de la musique.

Alex : Ce n’est pas la réponse à laquelle on s’attendait.
Mr Giscard : Mais elle est aussi vraie que si je t’avais dit qui j’étais vraiment.

Alex : Pas faux. Parlons donc de cet EP « Sensibilité ». Es-tu un hypersensible ou tu fais juste semblant ?
Mr Giscard : Non. Non, je pense pas être hypersensible. En plus, ça serait un peu trop à la mode de dire ça. Juste sensible… même pas non plus… je suis juste un mec pas original, qui sait pas gérer ses émotions comme 90% des Parisiens. Bon après, j’avoue que ce n’est pas que parisien que d’être instable émotionnellement… Je ne le souhaite à personne.

Alex : C’est trop tard pour nous…
Mr Giscard : Dommage.

Alex : Et sinon quel est ton parcours musical ? Comment en es-tu arrivé là ?
Mr Giscard : Je mettais des musiques sur Internet et on m’a appelé pour me dire d’aller dans une maison de disques.

Alex : Ok mais qu’est-ce qui t’a poussé à faire de la musique ?
Mr Giscard : OK, j’étais chez moi, je revenais de Guyane, j’étais en métropole, j’avais une guitare et un ordinateur et vu que je n’avais pas beaucoup de copains, j’ai commencé à faire pas mal de musique.

Alex : Il y avait déjà de la passion pour la musique, un style particulier ou c’était vraiment du dépit et de l’ennui qui a poussé à découvrir un nouveau monde ?
Mr Giscard : Je pense que j’étais quand même attiré depuis tout petit par la musique.

Alex : Et on écoutait quoi quand on était petit Mr Giscard ?
Mr Giscard : Et bien mec… y avait le CD des Minikeums. Je crois que c’est un de mes premiers trucs, aussi y avait peut-être dans un CD de Jordi… peut-être même une cassette… Après, j’avais mon frère qui écoutait de la musique toute la journée… Je n’avais pas d’outils pour écouter tu vois. Donc, il y avait la radio où il passait pas mal de Michel Fugain, Michel Berger, Michel Legrand. Toute une collection de Michel….

Tu avais mon frère qui écoutait du Tryo,Cali, Debout sur le zinc, Les Ogres de Barback… oh, Les Hurlements d’Léo, les trucs comme ça, des trucs de festival… Quand j’habitais en Guyane et y avait beaucoup de Sean Paul, beaucoup de zouk, de zouk love, beaucoup de ragga, beaucoup de reggae….

Alex : Tu penses que cela a influencé la musique que tu fais aujourd’hui ?
Mr Giscard : Je sais pas, je ne sais pas. Après, c’est quand tu es dans un milieu, il y a des trucs, peut être… c’est forcément indirect, peut être que des fois, il y a une mélodie qui vient en tête. Tu ne sais pas vraiment d’où elle vient et peut être en fait, elle inspirée d’un truc qui te reste en tête il y a dix ans, tu vois, donc tu as tout déteint sur ton environnement, tout déteint sur toi.

Alex : Et tu as commencé à faire quoi en premier : du son ou l’écriture des paroles ?
Mr Giscard : Ah ben du son, du son et du son…. A la base même, je ne faisais que des prods.

Alex : comment s’est passée la transition ?
Mr Giscard : Au début, je faisais un peu d’électro. Après, je me suis plongé à fond dans le rap et principalement trap autotuné, tu vois. Donc, je cherchais des rappeurs… j’ai jamais vraiment trouvé. Et au bout d’un moment, je me suis dit je vais essayer de faire des choses abouties de moi-même. La dernière clé, c’était chanter et faire le mix.

Alex : Mais c’était pour quoi ? Pour présenter ce que tu voulais faire à d’autres chanteurs?
Mr Giscard : Ah non. C’était pour faire de la musique, pour chanter et faire des morceaux. En fait, je fais de la musique depuis longtemps sans la faire écouter. Et même le premier morceau, je pensais jamais le faire écouter… qui était « Pho » en plus. C’est le premier morceau que j’ai écrit….

Alex : Et quel morceau ! Il ouvre l’EP « Sensibilité ». Mais qu’est-ce qu’il raconte de toi ?
Mr Giscard : Il est le condensé de ma vie où je sortais beaucoup, où je me cherchais et où c’est, à la fois, tu kiffes la vie parisienne à la fois, tu commences à devoir rentrer dans le milieu professionnel, t’as du mal à trouver ta place et donc tu fais les deux en même temps. Tu kiffes ta vie parce que tu fais la fête, mais tu angoisses parce que tu sais pas où aller. Et au milieu de tout ça, il y a tous les problèmes de famille, copine, relations. C’est un moment de vie, tu vois.

Alex : Et donc, ce moment de vie, comme tu dis, cette sensibilité, c’est une période qui est terminée ou pas ?
Mr Giscard : Terminée, pas vraiment. Mais elle a évolué. Comme un Pokémon. T’as un peu les mêmes problèmes. Après, tu vois, il y en a qui se règlent, il y en a des plus vénères qui arrivent, tu vois. Plus tu grandis, plus les problèmes sont lourds…

Alex : Tu fais danser les gens sur des paroles qui sont assez crues. Est ce que ça te fait kiffer? Parce qu’il y a un contraste pour la musique qui est vraiment très dansante et on ne s’attend pas à ce que cela parle de bite, de relations ou de cul de manière assez crue.
Mr Giscard : Alors déjà, ça ne parle pas de bite. Mais… oui, je comprends le truc. Alors ce qui est ah oui, c’est vrai que moi, je suis très premier degré. Ouais, tu vois je suis très premier degré et du coup, les gens sont pas habitués à du premier degré. Généralement, quand t’es très premier degré et que tu parles pas de niaiserie, tu vois, bien senties. Le moyen de défense par rapport à ça, c’est de rigoler, tu vois.

Soit de trouver ça drôle ou soit être offusqué. C’est marrant parce que des gens n’arrivent pas trop à s’offusquer parce puisqu’ils aiment bien le morceau… Mais c’est surtout qu’il n’y a pas lieu de s’offusquer. Tu vois, on parle d’un moment de vie que tout le monde vit, tu vois…

Par exemple, je sais qu’il y a des filles qui sont venus me voir en disant : « J’adore ce que tu fais. J’adore le morceau. Par contre, je suis pas du tout d’accord avec les paroles. » Mais bon, y a pas de débat, mais on peut ne pas être d’accord. Je te parle d’un moment de ma vie, je ne te demande pas d’être d’accord ou pas d’accord. Surtout que, tu vois, par exemple « Pho »,
ça parle un peu du fond du truc, de la désillusion en soirée, mais qui peut être beaucoup plus large sur la… vie. Et en fait, j’ai des copines qui ont vécu ça. Tu vois, il y a plein de filles, elles se réveillent à côté d’un mec. Elles sont là… « wooow le mec, il est trop à fond »…. Donc, parce que c’est moi, que je suis un mec, il y a ce truc de : « ah mais c’est un connard… on aime bien mais c’est relou ». Alors que moi, je ne suis pas là, en mode ouais, je baise des meufs, mais plutôt, je galère avec des meufs, c’est plus ça.

Alex : On t’a vraiment reproché tes paroles ?
Mr Giscard : Non, non, non, on n’a jamais rien reproché. On m’a jamais fait de procès d’intention même. Juste des réflexions comme ça : « Je ne suis pas d’accord ».

Alex : mais ça doit te titiller quand même. Toi qui crée et qui parle de ta vie, est ce que tu dis : « Mais là, il faut que je fasse attention à la façon dont je vais écrire mes prochaines chansons ? » ?
Mr Giscard : Non, non, non. Après, je pense qu’il faut que ça fasse sens. Enfin, je sais que, tu vois, passer en radio n’est pas un but pour moi. Je sais que j’ai pas mal de censure par rapport aux texte. Mais en fait, ce qu’il y a, c’est que moi, j’écoute exclusivement que du rap et je ne suis pas subversif. Et du coup, ça va. Selon moi, je suis pas l’impression du tout d’être subversif, surtout quand tu écoutes Hamza, Damso, Gazo…

Tu vois, je pourrais sortir des punchlines de chacun qui sont horribles. Tu vois le feat Hamza/Gazo. À un moment donné, Hamza, il dit : « elle, fait des bulles avec mon sperme« . Tu vois, on est sur un autre game. Lui, on va jamais lui dire : « Bro, t’es un peu cru« . Tu vois quand Damso il dit : « Suce-moi et concentre-toi », on est vraiment sur un autre game… Moi, je n’ai pas l’impression d’être subversif.

Je pense que c’est le problème de la France, que tout est scindé. T’as la pop qui est fait pour les petits blancs bourgeois où il y a synthés, des réverbs et des niaiseries et t’as la la pop urbaine qui est fait pour les mecs de banlieue, qui fait pour les pauvres, pour les immigrés en gros et ça ne veut pas dire que le public ne peut pas aller dans l’autre, mais c’est majoritairement ce que je veux dire.

Aujourd’hui, il y a Aya Nakamura, elle fédère énormément, j’adore. Mais tu vois son vivier de base, on sait… C’est du pop urbaine, mais ça veut dire la cité, mais finalement, elle fait danser les Blancs riches et les pauvres de banlieue. C’est fort.

Même dans l’industrie, à ceux qui écoutent la pop et qui y font le truc et formaté et tous ceux qui écoutent le hip hop et font la machine et qui sont formatés, et au milieu, t’as aucune passerelle. Toi, t’as rien du tout.

Alex: Pourtant, je trouve que les artistes aujourd’hui arrivent à produire des chansons qui sont de qui touche à plusieurs genres en même temps, et je trouve que c’est de plus en plus poreux ?
Mr Giscard : Mouais… Tu vois aux Etats-Unis, tout ça. Il y a bien des ponts incroyables qui se font… mais en France, t’auras jamais un Miel de montagne avec un Koba LD, alors que ça pourrait être incroyable. Mais t’as pas un Niska avec, je ne sais pas, Angèle… ou tu vois des vrais ponts…

Tu vois le genre. Bref, pour le rap, je suis baltringue. Et pour la pop, je suis un mec vulgaire.

Alex : Et toi, tu t’en fiches de ne pas faire un genre particulier ?
Mr Giscard : Ah ouais carrément… Cela serait horrible. Je viens de Soundcloud où il y a une liberté incroyable. Il y a des mecs comme XXXTentation. Ouais, le mec qui fait du metal, il fait du bumba, de la trap, de la pop et c’est ça que j’adore. Et c’est ce qui me passionne ce jour. Me dire que demain, si j’ai envie de faire un son afro, je le ferais. Si je veux faire un son ultra deep techno, je le ferais. Et même du rock. Je me ferme à absolument rien.

Alex : Et tu as commencé à écrire un album ? Est-ce que ça correspond à ce que tu me dis là, maintenant ?
Mr Giscard : Ouais, ouais. Après, il y a pas mal de morceaux qui sont faits, mais en fait, c’est ce que là j’ai réussi à faire un truc …j’ai réussi. Enfin, j’ai réussi… C’est une fatalité. C’est que même moi, je ne vais pas dire ce que je fais. Je dis que je fais de la pop parce que je ne peux pas dire je fais du rap et j’aime trop le rap pour dire que je fais du rap. Je fais de l’électro pop sucrée. Mais sauf que les clients de l’électro pop sucrée peuvent… je ne sais pas. Je ne les connais pas. Donc j’espère qu’ils aimeront… J’essaye de faire de la musique que j’aimerais écouter.

Alex : Et « Sensibilité », c’est ça ?
Mr Giscard : Cela va être bizarre mais je ne sais pas. Pour l’instant, je déteste tout ce que je fais.

Alex : Ah oui, c’est encore plus radical. Le jour où tu fais de la musique dont tu es satisfait, tu arrêtes ta carrière ?
Mr Giscard : Non, parce que ça dure pas. Par exemple, « H&M » de « Sensiblité », au début, je l’écoutais. Je me disais que j’avais touché un truc maintenant, mais je ne l’écoute jamais. Par exemple, je fais des répètes, c’est déjà suffisant. Et non, je ne sais pas… je vois tous les défauts… je mets ma voix, je trouve ça insupportable.

Alex : T’es une femme qui fait du rap, on doit forcément te parler de Diam’s souvent…
Zinée : Aaaah mais Diam’s c’était mon premier concert. Un Zénith de Toulouse en plus.

Alex : Vu ce que tu dis, ça peut être une expérience qui est quand même assez douloureuse de chanter tes chansons sur scène ?
Mr Giscard : J’ai de la chance, depuis le premier concert, j’ai des fans hardcore qui viennent et qui connaissent toutes les paroles. (rires)
Donc, c’est pas une pénitence. J’arrive à apprécier le morceau, surtout quand je vois les gens chanter. C’est vraiment un truc de fou ça. Dès que j’ai fait « Pho » et que j’ai vu tous les gens chanter… C’est lourd. Genre c’est pour ça que j’ose aller sur scène. Après, je pense que si j’avais fait des bides dès le début, j’aurais tout arrêté. (rires)

Alex : « Pho » a carrément cartonné, ça te met la pression pour la suite, non ?
Mr Giscard : Mais de ouf. « H&M » a cartonné, « Pas personnel » cartonne.
Bien sûr… le pression est là. En plus, il faut que je les fasse plus rapidement les sons. On attend derrière moi. Non mais mec, c’est l’enfer.

C’est l’enfer, c’est l’enfer. Surtout que c’est énormément de travail, vu que je fais tout de A à Z jusqu’au mix. Je fais tout tout seul. Tout est clair dans ma tête. Et quand j’essaye de bosser avec quelqu’un, c’est compliqué parce qu’au final, même s’il est talentueux, c’est faux. Déjà, le temps qu’il comprenne ce que je veux et il l’aura jamais à son 100%… Donc, je fais mon truc pour le moment. Je laisse l’avenir voir, peut être que je rencontrerais les bonnes personnes. Les bons ingé son, les bons gars. Mais j’essaye, je tente, je tente des trucs, donc ça marche.

Alex : Vu le soin que tu apportes à ta musique, un morceau, ça te prend combien de temps ?
Mr Giscard : Non mais c’est indécent le temps que ça prend. Parce que je suis perfectionniste, parce que je suis un flemmard, parce que.. non, je ne pense pas que je suis flemmard… Beaucoup de gens se pensent flemmard, mais en fait, ils ne se rendent pas compte que c’est juste qu’ils sont terrifiés. Parce que s’y mettre et voir qu’il y a rien qui se passe ou que c’est mauvais… c’est dur. Donc tu préfères ne rien faire. Parce que quand tu le fais, c’est la souffrance. Et quand tu le fais, il faut éviter la peur de l’échec et éviter de se dire putain, mais ce que je fais, c’est de la merde.

Alex : Alors tu es flemmard ou tu as peur de l’échec ?
Mr Giscard : Je pensais être flemmard mais j’ai peur de l’échec. Et je pense qu’il y a peut être un peu des deux. Et je pense vraiment que si il n’y a plus de peur dans le monde, il n’y aurait plus de flemme.

Il ne faut pas avoir la flemme d’écouter et d’apprécier ce premier EP de Mr Giscard. L’artiste y dévoile toute sa « Sensibilité » et elle risque bien de parler au plus grand nombre. Et puis, comme ça, lors du prochain concert de l’artiste, vous l’aiderez à chanter les paroles et ça lui fera plaisir.


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